Des statuts très variés
Pour certains, il s’agit de leur activité principale, pour d’autres d’une activité d’appoint. Certains emploient des salariés, d’autres non. Certains sont les seuls dirigeants de leur entreprise, d’autres partagent cette responsabilité.
Une petite partie d’entre eux (0,3 million), présidents ou directeurs généraux de sociétés anonymes, présidents de sociétés par actions simplifiées ou gérants minoritaires de société, sont « assimilés salariés » : ils cotisent au régime général de la Sécurité sociale comme les salariés, mais pas à l’assurance chômage.
Neuf indépendants sur dix, dans le champ agricole (0,4 million) comme non agricole (3,6 millions), sont affiliés à un régime de protection sociale des travailleurs non salariés et, de ce fait, sont qualifiés de « non‑salariés » : ils sont entrepreneurs individuels classiques, micro-entrepreneurs ou gérants majoritaires de société.
L’indépendance juridique n’exclut toutefois pas qu’une partie des indépendants exercent leur activité en étant soumis à une relation de dépendance économique par rapport une autre entité, qu’il s’agisse d’un client, d’une relation amont (groupement, centrale d’achat ou coopérative, franchise, licence de marque, location‑gérance, etc.) ou d’un intermédiaire (plateforme numérique, etc.).
Ces travailleurs économiquement dépendants, comptabilisés parmi les indépendants, ne sont pas identifiables dans les sources administratives, mais peuvent être appréhendés dans d’autres sources, comme l’enquête Emploi.
Ainsi, selon cette dernière, en considérant l’emploi principal déclaré, un indépendant sur huit est économiquement dépendant.
Enfin, la répartition des non‑salariés par grand secteur d’activité fin 2022 est la suivante :
Industrie (hors artisanat commercial) | 5 % |
Construction | 12 % |
Commerce et artisanat commercial | 15 % |
Transports et entreposage | 4 % |
Services aux entreprises et services mixtes | 26 % |
Services aux particuliers hors santé | 22 % |
Santé et action sociale | 16 % |

Les principales caractéristiques des indépendants
Exploitants agricoles, commerçants, artisans ou professionnels libéraux, les non‑salariés sont en moyenne plus âgés que les salariés et exercent plus souvent dans la construction, la santé ou les services aux particuliers (activités artistiques et récréatives, enseignement, et coiffure notamment).
Les femmes sont minoritaires parmi les non‑salariés (24 % dans l’agriculture, 41 % dans les autres secteurs), alors qu’elles représentent 26 % des salariés agricoles et 49 % des salariés non agricoles.
Hors agriculture, les effectifs de non‑salariés ont augmenté de 72 % entre 2008 et 2022.
Ce dynamisme reflète intégralement le succès du statut d’auto‑entrepreneur, créé en 2009 et requalifié en micro‑entrepreneur en 2014.
Ainsi fin 2022, 1,8 million de micro‑entrepreneurs sont économiquement actifs, soit près d’un non‑salarié sur deux dans les secteurs non agricoles.
Ils en représentent même plus des trois quarts dans certains services aux particuliers comme les activités artistiques, récréatives ou l’enseignement, dans le commerce de détail hors magasin (sur les marchés, à distance ou par d’autres canaux) ou la livraison à domicile.
Trois micro‑entrepreneurs sur dix cumulent leur activité non salariée avec un emploi salarié, contre un non‑salarié classique sur dix.
Les travailleurs indépendants représentent 13 % de l’emploi total en France (en se limitant aux emplois principaux exercés), ils représentent une part un peu plus faible qu’en moyenne dans l’Union européenne (14 %) : cette part est supérieure à celle de l’Allemagne (8 %), mais moins élevée que celle des pays du pourtour méditerranéen (jusqu’à 20 % en Italie, 27 % en Grèce)
Les revenus des indépendants
Les non‑salariés « classiques » (hors micro‑entrepreneurs) gagnent en moyenne 4 030 euros par mois en 2022, soit 11,7 % de plus qu’en 2013, en euros constants.
Les secteurs les moins rémunérateurs sont le commerce de détail hors magasin, les activités de taxi et de voiture de transport avec chauffeur (VTC), les services personnels, les arts, spectacles et activités récréatives ainsi que l’enseignement.
À l’opposé, les médecins et dentistes perçoivent en moyenne les revenus les plus élevés, devant les juristes et comptables et les pharmaciens.
Les micro‑entrepreneurs gagnent quant à eux en moyenne 670 euros par mois en 2022.
Les revenus d’activité sont plus concentrés parmi les non‑salariés que parmi les salariés du privé. Parmi les non‑salariés classiques non agricoles ayant dégagé un revenu positif, les 10 % les mieux payés en concentrent à eux seuls 39 % (contre 27 % parmi les salariés).
Pour conclure
Depuis le début des années 2000, l’emploi non salarié est reparti à la hausse ; et ce renouveau du travail non salarié s’inscrit dans une tendance à la diversification des formes d’emploi, avec l’apparition, sur la période récente, de plusieurs modèles situés à la frontière du salariat et du non‑salariat ; comme le portage salarial, les coopératives d’activité ou d’emploi, la dépendance économique de certains non‑salariés à un donneur d’ordre unique, etc. C’est surtout avec la création, en janvier 2009, du statut d’auto‑entrepreneur que cette tendance s’est développée avec comme conséquence la création de 1,5 million de non‑salariés supplémentaires entre 2008 et 2022.
Une évolution particulièrement forte dans les services de transports incluant les VTC (+147 %), dans les services aux entreprises et services mixtes (+132 %) et les services aux particuliers hors santé (+104 %).
Ainsi, le nombre de non‑salariés été multiplié par 4,5 dans certaines activités spécialisées (design, photographie, traduction, etc.), par 4 dans l’action sociale et les services divers de santé (comme les activités des psychologues, des diététiciens ou des sophrologues), par 3,6 dans l’enseignement privé. Avec une consécration certaine pour le statut de micro- entrepreneur, qui doit probablement une part de son succès à l’absence de lien de subordination, mais à quel coût économique et social, l’avenir nous le dira.
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