Une politique volontariste
La CFDT a mis en place depuis la fin des années 1970 des politiques volontaristes en faveur de l’engagement des femmes et des plus jeunes. Elles ont eu des résultats importants puisque cette décision a contribué à façonner un nouveau paysage des professionnels du syndicalisme à la CFDT. Les militants permanents des structures décisionnelles de la CFDT (confédération, fédérations, unions régionales) et les permanents des grandes entreprises détachés à temps complet ne relèvent plus d’une catégorie syndicale monolithique, ils constituent désormais une population relativement mixte. Si les hommes sont surreprésentés, quel que soit le type de permanent, les femmes occupent une place importante. On peut véritablement parler d’une féminisation des structures, fruit d’une politique dédiée.
De ce fait, la figure du permanent dans l’imaginaire social, souvent masculin et ouvrier et recruté par le syndicat après de longues années de « bons et loyaux services » est interrogée par cette enquête.
Deux filières d’accès
L ‘enquête révèle deux filières d’accès à la fonction de permanent syndical. La première filière est empruntée par des personnes relativement plus jeunes et diplômées qui entament une carrière syndicale basée sur un niveau scolaire élevé. Les femmes accèdent à cette filière plus facilement du fait de leur niveau de diplôme même si les hommes y restent majoritaires. Il faut noter que leur durée en poste est plus incertaine que celle des hommes. Cette filière d’un accès plus féminisé, jeune et diplômé est aujourd’hui majoritaire au sein de la CFDT.
La seconde filière se caractérise quant à elle par un accès basé sur un apprentissage sur le tas. Il s’agit de militants qui ont franchi toutes les étapes de la militance : simple adhérent, élu CSE ou CHS-CT ou DS, responsable de section, puis de syndicat… On y retrouve très majoritairement des militants plus âgés et davantage issus des classes populaires. La mobilité géographique est déterminante pour ces carrières et elle est discriminante pour les femmes.
Portrait de permanents
Les permanents de la CFDT forment une catégorie militante assez homogène. Ils sont plus diplômés que l’ensemble des salariés syndiqués en France et aussi des militants de la CFDT, sont aussi plus jeunes et appartiennent majoritairement aux catégories socioprofessionnelles supérieures, en particulier les professions intermédiaires et cadres.
L’enquête a concerné autant les permanents des structures (20 % du total des permanents) que les permanents d’entreprises (80 %) qui se consacrent à leur mandat à 100 % de leur temps. La loi relative au droit syndical définit les permanents en entreprises (publiques ou privées) comme tout « salarié titulaire de mandats de représentation du personnel et/ou syndical dont les temps de délégation légaux et conventionnels consacrés à ses activités représentatives au cours de l’année de référence sont égaux à 100 % du temps de travail annuel en vigueur pour un temps complet dans l’entreprise au titre du dernier exercice civil. »
Si les hommes sont majoritaires dans les deux types de permanents, la présence des femmes est en revanche plus importante en structures, les jeunes y sont aussi plus nombreux. Enfin, l’enquête montre que le temps passé dans des mandats syndicaux de représentation est relativement court.
Pour conclure, cette enquête concerne la CFDT dont on connait la politique volontariste de féminisation et de rajeunissement des cadres de la centrale. Resterait à vérifier si les autres confédérations syndicales connaissent la même évolution. La CGT en particulier a mis en place plus récemment une politique paritaire de ses instances.

Source
- Devenir « permanent » : rupture et continuité des filières d’accès à la professionnalisation syndicale – IRES - Maxime LESCURIEUX : https://ires.fr/publications/la-revue-de-l-ires/