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Les clés du social : Peu de moyens pour le troisième plan national d'adaptation au changement climatique

Peu de moyens pour le troisième plan national d’adaptation au changement climatique

Publié le 5 avril 2025 / Temps de lecture estimé : 4 mn

Après plusieurs mois de tergiversations et des changements de gouvernement, la version définitive du 3ème plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) a été présentée le 10 mars 2025. Critiqué pour ses faibles moyens financiers, il présente une cinquantaine de mesures (incitatives et non obligatoires) pour préparer progressivement la société aux impacts du dérèglement climatique.

Le plan propose une feuille de route afin de traiter les impacts du changement climatique dans une perspective de +4°C en 2100 dans tous les domaines : protection des populations, logement, santé, services… Soit, sur les 52 mesures, plus de 200 actions à court terme, moyen et long terme ciblant les territoires à enjeux spécifiques (littoral, montagne, forêts) mais aussi les secteurs particulièrement vulnérables aux aléas climatiques (BTP, tourisme, agriculture…), pour faire évoluer les entreprises, les transports, les infrastructures afin de les adapter progressivement. Ces enjeux doivent être traités à l’échelon territorial au sein des COP1 régionales appelées « conférences des parties ». Il s’agit de la réunion annuelle des États pour fixer les objectifs climatiques mondiaux. Il existe 3 Cop dont la plus importante est la COP sur les changements climatiques.

  • Les COP devront associer les représentants des salariés et de la société civile afin d’avoir les bons acteurs autour de la table.

Si le document de planification élaboré avec la participation des partenaires sociaux répond globalement aux attentes, plusieurs points clés restent à éclaircir dont la question des moyens financiers. La ministre a annoncé près de 600 millions d’euros pour l’adaptation.

  • Actuellement, ces financements proviennent de ponctions réalisées dans différents fonds : le Fonds Barnier (300 millions d’euros en 2025, soit plus 75 millions par rapport à 2024), le Fonds vert (260 millions d’euros de crédit consacrés à l’adaptation dont 30 millions pour la prévention du retrait-gonflement d’argile), le fléchage d’un milliard d’euros pris sur le budget des agences de l’eau (2 milliards de 2025 à 2030 devront être fléchés sur cet enjeu).
  • Il faut aussi accroître les financements privés et coordonner les aides publiques (ex : ma prime Rénov’).

La faible valeur juridique de ce document pose question : peut-on l’inscrire dans le code de l’environnement pour lui donner plus de pouvoir ? Quel sera le suivi et l’évaluation de ce plan ?

  • Pour assurer le suivi, le CNTE (Conseil national de la transition écologique) sera chargé de surveiller des indicateurs secteur par secteur et de faire un état des lieux des avancées tous les ans.

La ministre Mme Pannier-Runacher confirme

« Il y a une très forte attente des élus locaux, notamment des communes littorales, de montagne ou forestières, mais aussi des professionnels de santé ou des résidents des Ehpad, qui subissent déjà les effets du réchauffement. Il faut aménager et ménager la nature. L’écologie c’est protéger les gens ».

Le vice-président de France Nature Environnement soutient

« Le plan contient beaucoup de mesures intéressantes et sa mise en œuvre est indispensable, car les investissements nécessaires pour que le pays soit adapté à 2050 doivent être lancés dès demain ».

Pour faire vivre le PNACC, la ministre veut déjà travailler sur des feuilles de route dans quatre domaines : la forêt, le recul du trait de côte, la montagne et l’agriculture. L’idée est de mettre autour de la table les opérateurs, les élus locaux, mais aussi les représentants des filières.

  • Les besoins de certaines zones apparaissent évidents, comme ceux des communes littorales. Les discussions s’annoncent plus compliquées avec le secteur agricole ou avec certaines filières touristiques.
  • Il faut analyser les défis et les besoins commune par commune, ensuite associer les habitants et se décider en fonction des lieux.

Plusieurs mesures concernent les entreprises et les branches, les incitant à prendre des engagements liés à leur stratégie et à leur modèle économique, à la formation des salariés, à l’adaptation des conditions de travail ou encore à l’aménagement des locaux. Le changement climatique augmente les risques de maladie chronique, d’accident du travail ou d’absence de personnel.

  • L’Organisation internationale du travail (OIT) recommande, comme cela a été fait en Grèce ou en Espagne, d’utiliser l’indice « Wet Bulb Globe Temperature » qui considère aussi l’humidité.
  • Les partenaires sociaux pourraient être invités à négocier afin de mettre en place de tels régimes sectoriels, à l’instar du dispositif « BTP intempéries », pour chacune des branches professionnelles, ou au niveau de plusieurs branches partageant la même nature de risque. La couverture pourrait être obligatoire ou facultative.
  • Le plan cible le BTP et certaines industries. Il prend en compte les vagues de chaleur mais il oublie les inondations et les incendies.

Le 26 février 2025, la Commission européenne a présenté son projet de directive visant à simplifier la vie des entreprises (paquet législatif omnibus). Ce texte remet en cause de nombreuses normes sociales et environnementales et percute les ambitions du Pacte pour une industrie propre, un recul sans précédent dénoncé par quatre syndicats français (CFDT, CGT, CFE-CGC, UNSA) « une erreur historique majeure ».

Dans un avis publié jeudi 13 mars, le Haut Conseil pour le climat, instance consultative indépendante, évalue le Plan et formule 24 recommandations pour sa réussite. Son président déplore que les financements annoncés soient très insuffisants. Le Plan « n’envisage pas suffisamment de mesures d’adaptation transformationnelle » ni les conséquences du déficit d’adaptation (ex : décès en cas de canicule, caractère inhabitable de certaines communes).


Références