Des progrès depuis 30 ans, mais...
Des progrès réels ont été réalisés depuis 30 ans mais l’écart des revenus du travail entre les femmes et les hommes reste fort en France, autour de 24 % en 2024. De plus, les chercheuses relèvent que le rythme de réduction des inégalités hommes-femmes s’est beaucoup ralenti depuis une dizaine d’années.
L’éducation et les choix de formation initiale
Ce n’est pas nouveau mais les chercheurs du CAE mettent en évidence la persistance des inégalités dès l’école. Il s’agit d’une situation paradoxale car si les filles y réussissent mieux en moyenne, elles restent largement sous-représentées dans les filières scientifiques et techniques, celles qui amènent à des métiers ou des fonctions mieux rémunérés.
Les choix d’orientation des filles « sont influencés par des stéréotypes de genre qui se manifestent dès le plus jeune âge, limitant les ambitions des filles dans ces disciplines ». Force est de constater que cette ségrégation des filières, désormais bien documentée, contribue à maintenir les écarts de salaire tout au long des carrières.
La maternité et la pénalité parentale
Pour le CAE, l’impact de la maternité est le facteur déterminant dans la persistance des inégalités de genre. Les chiffres parlent : « après la naissance de leur premier enfant, les femmes gagnent en moyenne 38 % de moins au cours des dix années suivantes, un retard qu’elles ne combleront jamais dans la suite de leur carrière ». Le terme de pénalité parentale est utilisé. Il résulte inévitablement de la baisse de la participation des femmes au marché du travail qui n’est pas rattrapée par d’autres dispositifs, de la réduction de leurs heures travaillées et de l’acceptation de postes moins bien rémunérés au profit d’une plus grande flexibilité au service de leurs enfants et de leur ménage. Si on compare du côté des pères, on constate que leurs carrières ne connaissent pas ce type de perturbations.
Il faut relever que ce ne sont pas tant les considérations économiques qui pèsent mais plutôt les stéréotypes de genre et les normes sociales relatives à l’organisation de la famille.
Le déroulé des carrières
La note montre que même lorsque les femmes suivent les mêmes cursus que les hommes et travaillent à plein temps, il subsiste des écarts de salaires et d’évolution professionnelle, liés à l’organisation des carrières et aux fortes asymétries d’information sur le marché du travail qui pénalisent les femmes. Sans oublier bien sûr, là aussi, les stéréotypes de genre.
Comment agir ?
Les chercheuses s’attachent à montrer la multiplicité des facteurs qui déterminent les inégalités tout au long du cycle de vie et de leurs fortes interdépendances. Ceci implique que seule une stratégie ambitieuse et coordonnée, qui agit sur tous ces leviers, peut réduire efficacement et durablement les inégalités sur le marché du travail. Ces inégalités pénalisent la croissance française pour le CAE.
Les principales recommandations
- La création de nouvelles places d’accueil des jeunes enfants, une réforme ambitieuse du congé paternité, en l’allongeant à 10 semaines, dont 6 obligatoires. Des campagnes d’information sur les droits et sur les coûts à long terme du « préjudice lié aux enfants » en finançant ces efforts par la suppression d’un jour férié ou d’un jour de congé.
- Renforcer l’enseignement des mathématiques et des sciences auprès des filles, par la création de brigades de professeurs spécialisés, chargés de promouvoir les carrières scientifiques sans biais de genre.
- Pour favoriser une plus grande équité dans les négociations salariales et réduire les écarts de rémunération, le CAE préconise l’obligation de publier des fourchettes salariales dans les offres d’emploi et l’application de sanctions en cas de non-conformité. Il faut aussi rendre plus contraignantes les politiques de quotas aux postes exécutifs et d’encadrement et encourager les partenaires sociaux à négocier des accords de branche pour rétablir l’égalité hommes-femmes dans les évolutions de carrière et pour l’accès aux promotions.
En conclusion, les chercheuses demandent une stratégie ambitieuse définie dans un plan d’action interministériel couvrant à la fois l’éducation, la carrière et la parentalité. Il convient d’Instaurer un comité de suivi opérationnel chargé de sa mise en œuvre et prévoir une évaluation des différentes mesures.

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