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Les clés du social : Les discriminations des séniors au travail

Les discriminations des séniors au travail

Publié le 26 décembre 2024 / Temps de lecture estimé : 6 mn

Un tiers des seniors de plus de 50 ans font l’objet de discriminations dans l’emploi et se disent inquiets quant à leur avenir professionnel.

Alors que le taux d’emploi des seniors peine à progresser dans notre pays, ceux-ci restent confrontés à d’importantes difficultés d’accès et de maintien dans l’emploi.
Une situation que confirme la 17ème édition du Baromètre [1] du Défenseur des droits et de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) consacré à la perception et aux expériences des discriminations vécues par les personnes de 50 ans et plus au travail.

Les seniors fortement exposés aux discriminations, notamment dans l’accès à l’emploi
Les personnes victimes de discrimination dans l’emploi en France sont encore trop peu nombreuses à le signaler : un tiers seulement des victimes de discrimination, tous âges confondus, ont entrepris une démarche pour dénoncer les faits alors que la fréquence des expériences de discrimination dans les interactions quotidiennes dégrade les conditions de travail.
Un quart des seniors déclarent avoir vécu des discriminations : ces situations surviennent tout au long du parcours professionnel et de façon plus marquée au moment de l’embauche, après une rupture professionnelle.
Un quart des seniors au chômage déclarent qu’on leur a déjà fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien d’embauche.
Enfin, la moitié des seniors déclarent avoir connu des relations de travail dévalorisantes au cours des 5 dernières années.

Des préjugés négatifs envers les personnes plus âgées au travail
Cette perception d’un environnement professionnel peu bienveillant reflète l’ampleur et la banalisation des stéréotypes liés à l’âge (il s’agit le plus souvent de processus stéréotypés de discrimination contre les personnes, en raison de leur âge), qui véhiculent une image négative de seniors manquant de dynamisme, dépassés par les nouvelles technologies et difficiles à intégrer au sein d’équipes plus jeunes.
Découlant bien souvent de ces stéréotypes, les discriminations à l’encontre des seniors sont fortement ancrées et en partie intériorisées par les personnes concernées.
Les préjugés sont souvent renforcés lorsque les motifs de discrimination se cumulent (état de santé, handicap, origine, genre…).

Des conséquences délétères et de fortes inquiétudes quant à l’avenir professionnel
Comme pour le reste de la population active, ces discriminations contribuent à renforcer leur isolement, dégradent leur santé mentale et sont susceptibles de conduire à des ruptures.
Les difficultés de retour à l’emploi rencontrées par les personnes de 50 ans ou plus peuvent également avoir des conséquences en matière de déclassement professionnel et social.
Plus de la moitié des seniors au chômage (56%) déclarent avoir déjà postulé un emploi en dessous de leurs compétences.
Les seniors expriment de fortes inquiétudes quant à leur avenir et au risque de futures discriminations en raison de leur âge : un tiers d’entre eux se disent inquiets quant à leur avenir professionnel et un sur cinq déclare travailler avec la peur de perdre son emploi ; les actifs du privé davantage que ceux du public.

Chiffres marquants
Un senior sur deux a connu des relations de travail dévalorisantes au cours des 5 dernières années
Les seniors perçus comme étant d’origine étrangère déclarent ainsi deux fois plus de discriminations dans l’emploi que les autres travailleurs âgés (43% contre 22%)
De la même façon, l’expérience des discriminations est plus saillante chez les femmes seniors (26%) que chez les hommes (20%)
66% des seniors pensent qu’ils pourraient être discriminés en raison de leur âge à l’avenir

Perception et expériences des discriminations

La perception des discriminations
La population active considère dans son ensemble que les discriminations restent importantes dans la société, plus encore les actifs de moins de 50 ans, davantage sensibilisés que leurs aînés aux discriminations.

  • 68% des personnes actives pensent qu’aujourd’hui des personnes sont souvent discriminées en raison d’au moins un critère prohibé par la loi.
  • 34% de la population active déclare avoir été témoin de discrimination dans l’emploi.
    Les actifs de 50 ans et plus déclarent moins souvent être témoins de discrimination que les plus jeunes (26 % contre 37 %), mais rapportent davantage être témoins de discrimination en raison de l’âge avancé (23 % contre 15 %).

Les expériences de discrimination dans l’emploi

  • Une personne active sur trois déclare avoir été victime de discrimination dans l’emploi ; les actifs de moins de 50 ans plus que les seniors (31 % contre 23 %).
  • Parmi les seniors, ceux déclarant une mauvaise santé (32 % contre 17 %) ou une situation économique précaire (30 % contre 15 %).
  • Parmi les personnes au chômage de 50 ans ou plus, 80 % déclarent être en recherche d’emploi depuis plus d’un an et 46 % depuis plus de trois ans.

Incidences des discriminations sur le travail et la santé
Pour l’ensemble de la population active, les discriminations contribuent à l’aggravation de l’isolement et à la dégradation de la santé mentale.

  • À la suite des discriminations subies, 22 % des victimes ont démissionné ou négocié leur départ et 16 % ont été licenciées ou n’ont pas vu leur contrat renouvelé.
  • Près d’une sur cinq a vu ses conditions de travail dégradées, a pris des mesures de protection ou a décidé de se réorienter professionnellement.
  • 71 % des victimes indiquent que leur santé mentale s’est dégradée (tristesse, fatigue, dépression.

Un faible recours aux droits

  • Les personnes victimes de discrimination sont encore nombreuses à ne pas le signaler et, lorsqu’elles le font, elles se tournent davantage vers leur environnement proche que vers les voies de recours existantes.
  • Parmi les actifs victimes de discrimination, ceux de 50 ans et plus ont eu davantage tendance à en parler à un proche (31 % contre 22 % des plus jeunes) et à alerter les représentants du personnel ou un syndicat (22 % contre 17 % des plus jeunes).
  • L’absence de signalement s’explique par le fait que les victimes pensaient que cela n’aurait rien changé (43 %), ne savaient pas quelle démarche entreprendre (36 %), avaient peur des représailles (26 %), n’avaient pas conscience à l’époque qu’il s’agissait d’une discrimination (25 %) ou n’avaient pas de preuves (20 %).

Les seniors dans l’emploi

Les seniors expriment de fortes inquiétudes quant à leur avenir et au risque de futures discriminations en raison de leur âge, d’autant plus s’ils déclarent une santé fragile ou une exposition à des risques psychosociaux ou à des conditions de travail pénibles. Seuls 4 salariés seniors sur 10 concernés par des difficultés au travail ont eu l’occasion d’en parler avec leur employeur.

L’accompagnement par l’employeur : rôle et responsabilité

On constate un décalage entre les difficultés exprimées par les seniors et les mesures de prévention et d’accompagnement mises en place par les employeurs.

  • 6 actifs sur 10 se déclarent informés sur la santé au travail, les gestes de prévention à adopter et les risques professionnels et la moitié se sentent bien informés sur les aménagements de poste possibles en cas de problème de santé.
  • 29 % des seniors ayant évoqué avec leur employeur des difficultés au travail et dont l’employeur a été à l’écoute se sont vu proposer un aménagement des conditions et/ou du poste de travail, 24 % un aménagement du temps de travail, 9 % ont obtenu une proposition de suivi par le médecin de prévention, 9 % une reconversion professionnelle, 7 % une rupture conventionnelle, 5 % un départ anticipé à la retraite et 29 % des personnes n’ont reçu aucune proposition.
  • Les dispositifs permettant une retraite progressive et le développement de l’aménagement du temps de travail sont les deux mesures prioritaires identifiées par les actifs les plus âgés pour faciliter le maintien dans l’emploi des seniors.

En conclusion

Alors même que la question de l’emploi des séniors est au cœur des problématiques sociales que nous devons collectivement résoudre pour assurer la viabilité de notre modèle social, nous ne pouvons qu’inviter les entreprises à suivre les recommandations du Défenseur des droits, de prévenir et de sanctionner les discriminations dans l’emploi en veillant particulièrement à centrer leurs pratiques d’embauche, de promotion et de formation professionnelle sur les aptitudes et les capacités des personnes.


Source


[1Les résultats reposent sur une enquête (par Internet) auprès d’un échantillon représentatif de la population active de 2 284 individus âgés de 18 à 65 ans.